Enfance et formation
Romain Bruno Légaré est né à Princeville, province de Québec, le 4 juin 1925, fils de Rosaire Légaré et d'Alphonsine Perreault. Il est le cinquième d'une famille de 9 enfants. Une famille d'agriculteurs paysans cultivant à l'époque l'esprit traditionnel et catholique des pionnniers du Québec.
Romain Bruno Légaré fit son école primaire dans une «école de rang» située dans son environnement rural. A l’âge de 14 ans, il entra au juvénat des Frères du Sacré-Cœur pour préparer son entrée à l’école normale. Jeune, il obtint son brevet supérieur, indispensable dans les années 1940 si on voulait faire de l’enseignement. Sa décision était alors prise de devenir religieux enseignant.
Dès l’âge de 20 ans, enseignant à plein temps, il continuait les soirs à faire «ses humanités» . Puis à un an de son Baccalauréat, ayant fait ses vœux perpétuels et choisi le prénom religieux de «Frère Romain», il put réaliser le rêve de ses 15 ans : «devenir missionnaire, pour le royaume de Dieu, servir sans frontières!». En 1950, il prit le bateau pour Madagascar.
Création de l'École du Sacré Cœur (ESCA, 1951)
En 1947, Madagascar avait connu une période de violence qui avait laissé des rancunes profondes qui mettront des décennies à guérir. Trois ans après ces événements, Bruno Légaré se retrouve dans le pays «betsileo», à Ambalavao, à 400 km de la capitale Antananarivo, et l'un des foyers de la rébellion. Son tempérament entier le plaça au cœur des revendications de ses élèves dont les pères de plusieurs d'entre eux étaient en prison. Bruno observa, mais il ne se tut pas.
Aussi en 1951 après une seule année passée à Ambalavao, ses supérieurs le ramenèrent près d’eux dans une école appelée «École Européenne Sacré-Cœur » (EESC). Comme responsable, il ouvrit largement les portes de l'école aux élèves malgaches, ce qui fit de l’EESC, l’ESCA (l’École Sacré-Cœur d'Antanimena).
Madagascar étant une jeune nation mal préparée à l'indépendance, Frère Romain mit à son programme de préparer et fournir des élites au bénéfice de l'île. L’École du Sacré-Cœur (ESCA) devint une porte d'entrée vers les formations universitaires. Ceci ne se fit pas sans difficultés, et le frère Romain a dû passer par la prison d’Ambohibao, où la « DGID », la "Direction Générale de l'Information et de la Documentation" de Madagascar, envoyait les personnes opposées au régime.
Création d'une école à Tuléar
En 1980, mieux valait pour le frère Romain de prendre ses distances. Il fut décidé qu’il irait à Tuléar, faire pour le grand sud ce qu’il fit pour les Hauts Plateaux, c'est-à-dire créer une nouvelle école de haut niveau, un lycée maintenant fréquenté par près de 3 000 élèves, et ce sur le modèle de l'ESCA.
Création du village de l'amitié" à Ambatolampy
En l’an 2000, les Frères du Sacré Cœur, qui forment un institut papal, décidèrent pour les 33 pays où ils œuvrent de continuer leur travail de formation des élites mais aussi d’ouvrir une fenêtre sur le monde des plus pauvres : « Être à l’écoute de la clameur des jeunes pauvres et sans espérance" selon les termes de Bernard Couvillon, supérieur général de l'Institut. C’est ainsi que Madagascar, "province" indépendante dans l'organisation de l'Église, opta pour un centre de formation professionnelle. C'est-à-dire des ateliers pour personnes en difficulté et les décrocheurs (alcooliques, drogués, filles mères, etc.). Frère Romain, fort de la jeunesse de ses 75 ans, prit en main ce projet qu'il dirige toujours à Ambatolampy, village situé à 70 km de la capitale Antananarivo.
Décorations
L'action de Frère Romain fut reconnue par les autorités de plusieurs pays :
-A Madagascar : la Grande Croix de l’Ordre national de Madagascar, la plus haute décoration du pays. Officier du sport malgache.
-Au Canada : Membre de l’Ordre du Canada.
-Au Vatican : Pro Deo et Ecclesia
-En France : Officier des Palmes académiques, officier du Mérite français et Chevalier de la Légion d’Honneur